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François 1er à Sens (1537)
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Nous avons déjà eu occasion de signaler
à nos lecteurs la magnificence avec laquelle la ville d'Auxerre malgré la
pénurie constante de ses finances, recevait ses
princes et ses rois, lorsqu'ils lui faisaient l'honneur de la
visiter (2). Nous avons mis sous leurs yeux un échantillon des programmes
enfantés, dans ces circonstances solennelles, par ses magistrats. Nous leur
avons montré la milice bourgeoise faisant escorte au corps municipal
jusqu'au bout du pavé Saint-Siméon, où d'ordinaire le maire débitait sa
harangue et présentait les clefs de la ville ornées d'une ou de plusieurs
écharpes aux miroitantes couleurs ; nous leur avons fait suivre, au bruit du
canon et des harquebusades, le cortège parcourant les principales rues de la
ville, lesquelles étaient tendues de riches tapisseries et jonchées de
feuillages et de fleurs ; nous les avons conduits sous ces arcs de triomphe
chargés de devises et d'emblèmes, sous ces portiques ornés de lyaires et de
clainquant; nous leur avons montré ces théâtres sur lesquels on représentait
des mystères, ces eschaffaulx où l'on chantait des vers à la louange des
augustes visiteurs, avec accompagnement de carnets à bouquin, d'espinettes
et de lutz, ces nombreuses effigies royales appenduez aux portes de la ville
et à celles des principaux monuments ces inévitables fontaines de vin, dont
la principale décorait le perron de l’hostel commung, et enfin ces
magnifiques feux de joye d'artiffice, qui, de temps en temps, par suite de
ridicules questions de préséance, terminaient la fête d'une façon plus ou
moins burlesque. Mais, à ce programme officiel, la justice du lieu ajoutait parfois ses articles, et couronnait ces grandes solennités par le spectacle de la torture et de l’exécution d’un ou de plusieurs criminels. Ces sanglantes représentations attirées alors d’autant plus la foule que les princes et les seigneurs et dames de la cour ne craignaient pas de les encourager par leur présence. |
Si la ville d'Auxerre, ainsi que nous venons de le rappeler, faisait royalement
les choses, on va voir que la cité sénonaise pouvait marcher son égale.
Au mois d'avril 1537, le maire de Sens fut prévenu que le roi François ler
devait aller passer quelques jours à l'abbaye de Vauluisant (3) et qu'il
viendrait ensuite visiter Sens.
Le maire réunit immédiatement les habitants, en une assemblée généra1e, afin de
s'entendre sur l’ordre qu'on tiendrait et sur les présents à faire à S. M. Il
fut convenu, d'un commun accord, qu’on irait au-devant d'elle avec toute la
magnificence possible, qu'on lui ferait un présent (4), et que, pour être plus
pleinement informés de sa venue, des députés se rendraient dans la dite abbaye.
Aussitôt que le jour fut connu, on se hâta de faire réparer la ville, de mettre
en état les rues et les chemins par lesquels le roi devait passer; on commanda
un grand nombre de charpentiers, menuisiers, tourneurs, peintres et autres gens
de métiers pour construire un arc de triomphe, des théâtres, des eschaffaults,
et un portail à la porte Notre-Dame (5).
Le dimanche, 27 avril 1537, le roi ayant couché au château de Fleurigny (6), et
devant arriver, le lendemain, à Sens, les officiers municipaux et les habitants
furent à sa rencontre dans l'ordre. ci-après :
1. Sortirent tous les ecclésiastiques tant de la ville que des faubourgs,
accompagnés des Cordeliers, Jacobins, célestins, les religieux de Saint-Remy, de
Sainte-Colombe, de Saint-Paul, de Saint-Jean, de Saint Pierre-le-Vif, tous
revestus de chappes et portant les saintes reliques.
2. Les archers et les arbalestriers vestus de livrées riches avec leurs
enseignes.
3. Le doyen du guet à pied et les sergents vestus de livrées riches avec leurs
enseignes.
4. Cinq cents jeunes gens, richement vestus, tous arquebusiers avec leur
capitaine, leur porte-enseigne et quantité de tambours et fifres.
5. Les sergents à pied et à cheval du baillage vestus, de livrées avec leur
porte-enseigne.
6. Les métiers de la ville au nombre de mille hommes de pied honnestement vestus
avec des livrées découpées et leur porte-enseigne.
7. M. le Bailly de Sens et capitaine, monté sur une mule richement harnachée
portant une robe courte de velours fin, accompagné d’un grand nombre de
gentilshommes bien montés et richement vestus.
8. MM. Les lieutenant-général et particulier, avocats et procureur du Roy ,
quatre conseillers du baillage, le greffier et enquesteur du même baillage, les
avocats et procureurs en grand nombre, les douze notaires royaux, ,tous en robes
longues, montés sur des mules troussées.
9. Les trois eslus pour le Roy en l'élection de Sens, le greffier et le
contrôleur du grenier à sel, les receveurs des tailles et des aides avec leurs
sergents montés comme dessus.
Les maires et eschevins, procureur, receveur, conseillers et officiers tous
vestus de robes doublées de velours, accompagnés, des habitants les plus
notables et des plus anciens bourgeois tous à cheval et en bon ordre. »
Aussitôt qu’ils aperçurent le Roi dans le chemin de Fleurigny, ils
s’approchèrent de son carrosse et présentèrent à S.M. un coffre revestu de
velours cramoisi, garni de bandes d'argent doré, qui contenait les clés de la
ville. » Le Roi le prit et le remit aux gens de sa suite. Puis le maire fit sa
harangue, après quoi S. M. remercia les habitants et passa avec tout son train.
A peu de distance de la ville, l'attendait un spectacle assez divertissant. Cent
hommes armés de pied en cap, et montés sur de gros roussins rompirent lances
contre lances en son honneur. Le Roy prit plaisir à les voir.
Un peu plus loin, il rencontra un bataillon d'élite, en contenance fière comme
s'il eut eu a assaillir ou a défendre contre un autre bataillon, et qui salua S-
M. en inclinant ses enseignés vers elle. Puis les arquebusiers firent une salve
qui réjouit le Roi qui eut toujours l'oeil sur cette troupe qui paraissoit
beaucoup.
A la porte Notre-Dame, on avait construit un arc de triomphe à l’antique,
couvert des armoiries de France. Au moment où le Roi approchait de cette porte,
40 ou 50 pièces de canon (7), placées sur la douve du fossé, firent feu en même
temps. Lorsqu’il fut sous ladite porte, quatre échevins lui présentèrent un dais
parsemé de fleurs de lys d'or ayant à chaque pente un écusson de France, tout
frangé d'or.
Le Roi se mit dessous et fut conduit par les rues tendues de tapisseries. De
distance en distance étaient dressés des théâtres et des eschaffaults sur
lesquels il y avoit plusieurs mystères (8) et figures à la louange du Roy, de la
reine et des enfants de France. Arrivé à la cathédrale, il fut reçu par M. de
Salazard, grand archidiacre, abbé de Sainte-Colombe et de Saint-Rémy-les-Sens,
qui le harangua et lui présenta le livre des saints Evangiles, sur lequel le roi
mit la main, promit et jura de garder, entretenir et observer les immunités et
franchises de la dite église, octroyées par les rois, ses prédécesseurs. Il
monta ensuite au chœur où il fit sa prière et vit de très beaux reliquaires.
Puis il se retira dans la maison qu'on lui avait fait préparer dans la grande
rue, d'où il regarda par la fenêtre le bataillon qui ressemblait plutôt à un
régiment de soldats que de bourgeois. Le lendemain au moment où il allait ouyr
la messe, accompagné de M.le connétable de Guise, des cardinaux de Lorraine, de
Tournon, de Givry, de Mascon, les officiers municipaux lui firent présent d'une
fontaine de vermeil « bien travaillée autour de laquelle estoient les gestes de
Jules César estant dans les Gaules Senonnoises et les. résistances qui lui
furent faites par les habitants de Sens. Le haut de cette fontaine était
environné de sept vertus cardinales, par la « bouche desquelles l'eau de la
fontaine distilloit et tomboit en un riche et somptueux bassin de cristal
enrichi d'antiquités et d'émail et en lui faisant ce présent, Guillaume
Lhuiller, prévôt et maire le harangua une seconde fois, dont il parut satisfait
et remercia. »
Dans l'après-midi, du même jour, il fut donné à Mgr le Dauphin et aux seigneurs
et dames de la suite, de jouir d'un sanglant spectacle, qui, à cette époque,
semblait, être le complément indispensable des grandes solennités. Nous en
empruntons. le récit à notre chroniqueur.
«Ledit jour, fut amené des prisons criminelles au palais archiépiscopal un nommé
Guillaume Arezan, suisse, qui, autrefois, avait eu des charges du roi ès-guerres
de France, et avait été capitaine. On lui fit la lecture de son procès fait par
le Prévost Larouste estant dans la chaire de l'officialité, en présence de MM.
les lieutenant-général et particulier, les avocats et procureur du Roy, tant du
baillage que, de la cour ecclésiastique et des autres notables dudit Sens.
Ensuite ledit Larouste prononça la sentence qui le condamna à avoir la tête
tranchée sur un eschaffault devant l'église St-Etienne, et avant ce faire à
avoir la question pour répondre sur aucun cas dont il n'avait voulu rien dire.
Ce qui fut fait, ne déclara rien et fut décapité en présence de Mgr le dauphin,
M. le duc d'Orléans et plusieurs gentilshommes et dames de la cour. Le Roi
partit après et fut coucher à Villeneuve-le-Roi, de là à ChâtiIlon-sur-Loing où,
après avoir séjourné quelque temps, il retourna à Fontainebleau. »
François ler vint à Auxerre, en 1541. Les archives ne nous ont transmis aucun
détail sur la réception qui lui fut faite. Vingt ans auparavant, en 1521 la
ville d'Avallon avait eu l'honneur de le recevoir. Si de son passage en cette
ville nous n'avons pu recueillir que le document ci-après nos lecteurs
conviendront qu'il méritait bien d'être reproduit :
Jour de Pasques, 1521.
Lettre adressée à M. le lieutenant d’Avallon pour l’informer du prochain passage
du Roi par cette ville, afin qu'on se prépare à le recevoir dignement.
Monsieur le lieutenant, je me recommande à vous Monseigneur nostre maistre me
chargea yer à Corcelles et pour seconde fois à Semeur de vous advertir et aussi
Messieurs de la ville d'Avalon des novelles qui receust vendredi par la poste à
Viteaulx à son retour de Dijon comme le Roy estoit à Sancerre et partoit demain
tyrant droit à Vézelay, afin que vous disposisiez de le recepvoir au plus grand
honneur que possible sera et que à chacun quarrefour ayes les petits enffans
cryant haultement vive le Roy Françoys ! et davantage que incontinent vous
fissiez partir ung poste si ja ne l’avés fait pour aller au devant jusques à
Cône pour estre plus certoriés de son chemin et à toute diligence que envoàés en
ceste ville pour l'en advertir à Dijon où il va demain et aussy madame. Et que
sur ce ne faillés et vous assure qu'il a trouvé bon la fantaisie du don de ceste
ville combien que de prime face estoit d'avis de donner deux cents moutons et
les fère présenter par six bergères et un berger tel que feu Jehannisset en fit
le présent à madame la Gouvernante ; mes à la fin pour moins de frais a trouvé
la bague d'or avec le rondeau qui l'environne de plus grasse estime après la
chièvre de Saulieu en un plat d argent. Et surtout il vous recommande l'entrée
de son baillage et fault que vous et moy ayons la robe de velors cramoisy, ou
satin du moings d'une bonne écarlate et les eschevins de mesme, et pour ce en
tout faites diligence affin que l'Auxois ayt le bruyt et me rendes bien fort à
Monseigneur le Procureur du Roy et à ma commère vostre femme ce que fait la
mienne qui est résuscitée du danger où elle fust lundi de son catarre, là grace
à Dieu auquel je prie de vous donner bonne vie et longue.
Escript à trois heures du matin, ce jour de Pasques 1521.
Votre compère et amy,
Signé GUY GASSARD.
J'escript par ordonnance de Monseigneur à Messieurs d'Avalon l'effet de ce que
dessus vous leur donnerez les lettres et ferés contanter ce porteur.
Au dos est écrit : Monsieur le lieutenant d’Avallon Charle Barbette mon cher
seigneur et compère.
AD. L……
Renvois :
(1) Ces documents sont tirés d’un manuscrit appartenant à M. Quantin
, archiviste du département, et auquel nous avons déjà fait quelques
emprunts. Il est composé d’extraits de divers écrivains sénonais :
B. Taveau, Gressier, Nonat, Prunat, Pinsonnat, C. Bouvier et Dutour.
(2) Almanch d'Auxerre de 1858. Arrivée et réception à Auxerre des
ducs de Bourgogne et de Berry.
(3) L'abbaye de Vauluisant, ordre de Citeaux, fille de Prully, avait
été fondée, en 1127, par Artalde, premier abbé de Prully. Grâce aux
libéralités de Louis VII et de Thibault-le-Grand , comte de
Champagne, les religieux avaient pu élever leur cloître, vers 1129,
et leur magnifique église avait été consacrée solennellement en
1144. Cette église est aujourd’hui entièrement détruite, ainsi que
le cloître, le palais abbatial et la bibliothèque. Les bâtiments
secondaires existent seuls et sont affectés à une exploitation
rurale.
Un accident signala le passage de François 1er à Vauluisant . Voici
ce que nous extrayons à ce sujet d'un recueil de déclarations des
biens et droits de cette abbaye, 1505-1628. (Archives de la
préfecture).
« Item ledit abbé a faict dédier de rechef l'église de cette maison,
d'autant que de son temps elle fut polluée d'un meurtre qui se
commit en cette façon. Le roy François ler arrivant en cette maison,
on le reçut processionnellement, selon la coustume et les statuts de
l'Ordre; or plusieurs de ses gardes admirant les orgues qui estoient
pour lors récentement faictes et qui sonnoient mesme avec une grande
harmonie à la réception du roy, yceux, non contents d'entendre cette
harmonie d'en bas, sur le pavé de l'église, voulurent monter au jubé
desdites orgues et se poussant à la foulle sur l'escalier, il y en
eust un d'entr'eux qui eust le costé percé du fer d'une lance ou
pertuisant, qui fut la cause que l'on dédia de rechef la dicte
église à la sollicitation du dict abbé. »
(4) Ces présents obligatoires, qui étaient toujours une lourde
charge pour le budget municipal, consistaient le plus souvent, à
Auxerre, en vin, hypocras, gibier, poisson, confitures, truffes,
etc. Mais les Sénonais comptaient sans doute parmi eux quelque
Benvenuto Cellini, car leurs présents étaient généralement composés
de pièces d'argenterie.
Taveau nous apprend, en effet, que lorsque l’archevèque jean de
Montaigu fit son entrée solennelle à Sens, le 24 novembre 1414, on
lui fit présent, au nom de la ville, de vaisselle d'argent pesant
seize marcs et de dix muids d'avoine.
A l'entrée de Charles IX, le 14 mars 1463, la municipalité sénonaise
lui lit présent d'un vase en vermeil pesant douze marcs, et offrit à
M. d'Aumale une coupe du poids de quatre marcs et trois onces,
Les présents faits à François ler furent de même nature, ainsi qu’on
le verra bientôt.
Mais, à une époque plus rapprochée de nous, on paraît être entré
dans les habitudes auxerroises. C'est ainsi que, le 12 octobre 1724,
lorsque le roi de Pologne Stanislas arriva à Sens avec la reine son
épouse et Madame Royale, on leur offrit: au roi, cinquante
bouteilles « de vin de Bourgogne, trois grands brochets, quatre
perches, un faisan, six perdrix grises, trois rouges et quatre
bécasses, - à la reine et à Madame Royale, à chacune, une magnifique
corbeille remplié de toutes sortes de confitures sèches et de
massepains, et ornée de fleurs et d'oranges.
Puisque nous avons sous les yeux la prose municipale dont ces
présents furent accompagnés, nous ne pouvons résister an désir de la
reproduire. Les trois discours prononcés à cette occasion, dit notre
manuscrit, ne furent, que « des impromptus d'une vivacité des plus
brillante et des plus étonnante; car dans le moment qu'il (le sieur
Benoist de Villemoy, président en l'élection et maire de la ville, )
se préparait à parler, un seigneur de la cour et M. l’Intendant luy
dirent que leurs Majestés avoient besoin de repos et qu'il faloit
qu’il abbrégeast, ce qui fut exécuté en ces termes laconiques et des
plus pathétiques. »
AU ROI.
« Sire, nous venons présenter à Votre Majesté nos très humbles
respects : Elle a fait la gloire de la Pologne et Elle va faire la
félicité de la France.»
A LA REINE.
« Madame, nous venons présenter nos très humbles respects à la plus
vertueuse de toutes les reines et à la plus heureuse de toutes les
mères.
A MADAME ROYALE.
« Madame, vous voyez vostre postérité couronnée. Si vostre profonde
humilité ne vous en cachoit la véritable cause, vous
reconnoistreriés avec tout l'univers que l'odeur de vos vertus à
monté jusqu'au throsne du tout puissant, et est a fait descendre les
sceptres et les couronnes. »
(5) La porte Notre-Dame doit son nom à un ancien prieuré que l'on
appelait Notre-Dame-du-Charnier dont il ne reste plus de vestiges et
qui était bâti presque vis-à-vis, à l’entrée du faubourg
Saint-Savinien. Près de l'église était un vaste cimetière, où l'on
enterrait une grande partie des habitants de la ville. Deux autres
charniers existaient encore, l’un au faubourg Saint-Antoine, l'autre
au faubourg Saint-Didier. La porte Notre-Dame était un énorme
pavillon carré, flanqué de quatre petites marelles de pierres de
taille, comme tout le corps du bâtiment, lequel, ainsi que les
tourelles était surmonté d'un toit aigu. En avant du mur et du côté
extérieur on remarquait un rang de beaux mâchicoulis et trois
longues niches très délicatement sculptées. Cette porte dont on doit
regretter la destruction et dont nous donnons le dessin, a été
démolie vers 1832.
(6) Le château de Fleurigny est situé dans un vallon arrosé par la
petite rivière de l'Oreuse. Au moyen-age, Il existait à l'endroit où
a été bâti le château actuel, une forteresse dépendant de la ville
de Sens. Charles VII en ordonna la destruction, pour éviter qu'elle
ne retombât au pouvoir des Anglais. Au XVIè siècle, ce château fut
reconstruit tel à peu près qu'on le voit aujourd'hui. Dans
l'intérieur, on remarque une chapelle décorée d'une belle verrière
attribuée à Jean Cousin.
Nous joignons à notre notice une vue du château actuel.
(7) On ne sait s'il a eu dans cette ville un arsenal distingué de
l'hôtel de ville; mais c'est un fait qu'elle est une des plus
antiennes du royaume qui ayt esté munye d’artyllerie et d’une grande
quantité.
Il résulte des comptes de maître Adam Clément, qui commencent au
mois d'octobre 1409, que Guillaume Pasquiet, canonnier, fondit pour
la ville de Sens une bombarde et 26 canons. Depuis, il en fut fondu
une plus grande quantité. - En 1462, il y eut ordre d'affûter
quatre-vingts pièces d'artyllerie tant grosses que menues
appartenant à la ville de Sens. ( Manuscrit de M. Quantin).
(8) Ces représentations étaient fort en vogue à cette époque;
c'était une gloire et un honneur d'y figurer. Les acteurs étaient
choisis et les rôles distribués par le maire et les échevins de la
ville, qui après avoir fait prêter serment à chacun d'eux, faisaient
publier à son de trompe « que nul ne fust si osé ni si hardy de
faire oeuvre mécanique en la ville l'espace des jours en suivant ,
esquels on devoit jouer le mystère. » Quand la représentation
exigeait un nombre trop considérable d'acteurs, on les convoquait à
son de trompe et à cri public, et ceux qui se sentaient du goût pour
jouer se présentaient devant les commissaires nommés pour juger de
leur capacité. On en voit un exemple dans la proclamation faite à
Paris pour la représentation du Mystère des Actes des Apôtres, par «
le commandement du roy, nostre sire, François ler de ce nom, et de
monseigneur le prévost, afin de venir prendre les rôles pour jouer
ledit mystère le jour de saint Etienne, à l'hôtel de Flandre. »
Cette charge n'était point un jeu, quelque distingués qu'ils fussent
dans la bourgeoisie et même dans la noblesse, les acteurs
s'engageaient par corps et sur leurs biens, disent nos chroniqueurs,
« à parfaire l'emprise ; ils étoient tenus de faire serment et euls
obligier par devant hommes de fiefs et notaires, de jouer ès jours
ordonnez, et de comparoistre les jours de représentation, à sept
heures du matin, de recorder, sur peine de six patars. »
(Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture).
Lorsque le cardinal Louis de Bourbon, archevêque de Sens, fit son
entrée dans cette ville, en 1534, le programme des fêtes qui eurent
lieu à cette occasion comprenait la représentation d'un mystère. « A
Ia porte Notre-Dame, dit Taveau, on avoit fait dresser des arcs de
triomphe ornés de plusieurs devises et un théâtre, sur lequel fut
représenté un mystère dans un parc, nommé le parc de Sens, où il y
avoit une fleur de lys de laquelle sortoit un personnage habillé en
cardinal, représentant ledit seigneur de Bourbon, et au dessus du
même théâtre estoit la figure de Dieu le Père avec des instruments
qu'il faisoit bon ouyr. Dieu parloit, saint Savinien, saint Loup et
l’égilse.» (Manusc. de M. Quantin).
Almanach Historique et Statistique de l'Yonne
Edition de l'année 1860
Texte signé : AD. L……
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