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Le Gué des Archers
Après le lavoir de
Fontaines, où l' Orvanne prend sa source, le promeneur curieux se hasardera sur
deux grandes dalles de pierre enjambant le ruisseau. C'est le Gué des Archers, à
Saint-Valérien, dans le Sénonais.
Cette passerelle permettait de franchir l'Orvanne à pied sec tandis que chevaux et chariots passaient à gué. L’ origine toponymique de ce pont antique romain se perd dans la nuit des temps. « Faut-il y voir une référence à la célèbre bataille de Dormelles en 599 ? », s'interroge Alain Sabaï.
Ce Valérianais,
membre de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine archéologique et
historique du Gâtinais en Bourgogne, a effectué des recherches sur ce site
bucolique.
La bataille de
Dormelles a mis aux prises fils et bâtard de Clotaire II, roi de Neustrie, le
petit-fils de Clovis, sur les hauteurs de Sens puis le long de l'Orvanne.
Beaucoup plus tard, la tradition populaire rapporte un drame au sujet du Gué des
Archers.
Par une matinée
brumeuse des premiers jours d'octobre 1648, le seigneur Dauvet, redouté dans le
pays pour son caractère méchant et froidement cruel, parcourait toute la
seigneurie accompagné de son fidèle serviteur, le bon Honoré. Près du Gué des
Archers, dans une vigne qui lui appartenait et que l'on nomme encore aujourd'hui
« Vigne du Seigneur », Dauvet aperçut une jeune femme enceinte dérobant des
raisins. Le Seigneur se jeta sur elle et la tua de son couteau de chasse. Les
deux enfants qu'elle portait dans son sein virent le jour et survécurent à leur
mère.
Le chasseur et son
serviteur prirent la fuite, traversèrent l'Orvanne au moulin de la Grande-Roue
et arrivèrent au bois de la Champagne. Là, ils s'assirent sous un grand cormier.
Dauvet, que la soif tourmentait autant que son dernier forfait, saisit avec
avidité quelques-unes des cormes. Il les recracha aussitôt.
« Ah, le
mauvais fruit ! », lança-t-il.
«
Monseigneur », dit Honoré, « Dieu veut qu'avec le temps ce fruit s'amende,
ainsi que bien des hommes ».
« Je doute qu'il soit jamais bon », répliqua le châtelain, « lorsqu'il
s'amendera, je m'amenderai ».
Les deux hommes
repartirent. Honoré avait emporté les cormes. Lorsqu'elles furent à leur
complète maturité, il les servit à son maître. Délicieuses. Le serviteur fidèle
rappela la promesse. « C'est vrai, Honoré, Dieu veut qu'il en soit ainsi . ». Le
seigneur n'eut de cesse de racheter ses fautes et de faire le bien autour de
lui.
Source: Alain
Sabaï
Article intitulé "Le Gué des Archers à Saint Valérien" paru dans le supplément à l’Yonne Républicaine du 28 Juin 2001 " L’été dans l’Yonne – Edition 2001"