En arrivant ou en repartant, il faut voir le PONT
et le PORT (I) qui firent la richesse du bourg du XVIème au XVIIIème siècle.
Une promenade autour de la ville (II) vous fera découvrir les vestiges de
ses murailles du XIVème siècle et les monuments de son Histoire seigneuriale
et religieuse.
Enfin, deux courtes flâneries, par la Rue d'Orléans jusqu'à l'actuelle
Mairie (lère) et dans ses petites rues ou ruelles pittoresques (2ème),
recréeront l'atmosphère de son passé quotidien, du Moyen-Age à nos jours.
Bien sûr, à l'aide des plans,
ancien ou
moderne, toutes les combinaisons sont
possibles, en dehors des itinéraires proposés, selon temps libre, et
fantaisie...
Enfin, ne pas oublier de goûter et d'emporter le vin du pays, connu jusque
sur les Tables Royales, depuis l'Antiquité, moins abondant que par le passé
mais tout aussi gouleyant. Celui de COULANGES la VINEUSE, la bien nommée,
et, comme le terroir est partiellement cravantais, celui d'IRANCY, de
cépages plus récents, mais aussi succulents.
-
Les PONTS
* L'ancien Pont est cité dans des actes officiels du XIIIème siècle, mais il
est sans doute antérieur. De passage dans la ville, des pèlerins
ecclésiastiques admirent, en 1260 et 1280, ce "beau pont", en pierre de
surcroît (alors qu'ils sont habituellement de bois) de 8 arches, 160m de
long, presque 6m de large, flanqué d'une chapelle et de l'octroi. I1 fera la
fortune commerciale du bourg, qui comptera prés de 5 000 habitants au Haut
Moyen-âge.
* 1601 - 1690: Ebranlés par les charrois, surchargés de blé et vin, des
Rouliers, il se dégrade, sans être vraiment réparé: à cheval sur les
Généralités de Paris et de Dijon, personne ne veut payer les 27 000 livres
de sa réfection... Le pont s'effondre en février 1726.
* 1749 - 1764: Après 50 ans de silence et 15 ans de réclamations, plan et
devis sont enfin acceptés, pour 75 095 livres, en mai 1754 et adjugés à Edmé
DURAND, de Paris, secondé par le jeune ingénieur GAUTHEY puis DORMAID. I1
est à moitié construit en 1761, mais a coûté le double... L'actuel pont sera
payé par l'Ile-de-France et la Bourgogne, avec participation de 17000 livres
des Cravantais, qui doivent demander droits de passage et aides des villes
voisines.
PERRONET le réceptionne le 21 mai 1754, mais les travaux dureront encore 20
ans. Il a fallu assécher les prés communaux, exproprier, retracer de 100 pas
(50m) le cours de l'Yonne, élever une digue contre les crues, avant de
construire, en pierre de MAILLY-la-VILLE, ce pont élégant, de 3 arches
surbaissées au tiers, avec arche marinière de 20m (60 pieds), 2 arches
collatérales de 55 pieds, sur des piles d'1m30 environ d'épaisseur. Le
passage entre les 2 parapets mesure 6,93m (21 pieds): remplacés par une
rambarde en fer, ils sont entreposés le long du Ru d'Arbault, et il est
question de les remettre à leur place initiale. On pourra alors y voir,
gravé après un passage de Napoléon, la trace laissée par le cheval impérial
qui aurait posé son sabot, tout aussi impérial, sur le parapet.
La destruction du pont éloigne marchands, voyageurs et diligences, qui
empruntent la Route de St Bris et ne changent pas leurs habitudes, vieilles
de 50 ans ! Cravant est ruiné et ne retrouvera une certaine activité qu'en
1844 avec la construction de la "Route Louis-Philippe".
- LES
PORTS
A visiter en longeant le Faubourg St
Nicolas en direction de l 'Yonne, au départ des promenades ou en descendant
la Rue du Port.
* C'est sur les berges de l'Icauna et au confluent de la Quoranda (Cure) que
débute la- prospérité de CREVENNUS, modestement, d'abord, par des campements
préhistoriques, un "vicus" romain et ses huttes de pêcheurs. Puis, dès la
plus haute Antiquité, la route et la Voie Agrippa apportent l'ambre de la
Baltique, l'étain de Cornouailles, embarqués, par eau, à CREVAN, pour ALISE
St REINE. STRABON, géographe romain, remarque l'intense trafic de "nautae"
(bateaux plats) et découvre les barriques gauloises, plus solides et
pratiques que les amphores...
* On peut encore admirer le bel alignement des Entrepôts, le long du
Faubourg St Nicolas, les piliers de pierre blanche, ses ouvertures en voûtes
de plein cintre, et, en descendant vers la gauche, les vestiges du Grenier à
sel, qui fonctionnera jusqu'en 1604: au bout du Faubourg, au début de la
route de Vincelottes, un enclos, assez bien conservé, avec une de ses
tourelles; en contrebas, vers la berge, l'entrée, flanquée de 2 piliers de
pierre blanche, des logements du gardien et des employés, avec, au fond, un
passage souterrain bien commode en période troublée. Haut-lieu du commerce,
où transitent le sel de Franche-Comté, venu à dos de mulets, les crus de
Beaune et de Bourgogne, les draperies de la Comtesse Mathide (1220), les
blés des plaines céréalières et la farine des "Grands Moulins", au confluent
de l'Yonne et de la Cure, encore visibles, depuis les berges du Canal du
Nivernais commencé sous l'Ancien-Régime, terminé en 1842.
CRAVANT est reconnu ler Port de l'Yonne par le Roi qui, pour protéger
commerce et marchands, accepte l'édification de murailles en 1384.
* A partir de 1542, le "flottage" du Bois, venu surtout du Morvan, apporte
une nouvelle activité due à LECOMTE, DESFROISSEZ et aux écluses de Jean
ROUVET, qui, donnant plus de force au courant, facilitent le passage des
bois sous le Pont de Cravant. Jetées en vrac, vers Clamecy, les bûches
étaient regroupées en radeaux de 7m * 7m, couplés par 2: le ler "train"
conduit par les "Compagnons de rivière", arrive au port des Célestins, à
Paris, le 20-4-1547.
Activité ponctuelle, malgré un regain à la fin du XVIIIème siècle, remplacée
par le transport ferroviaire, routier, puis, de nouveau, par eau, avec les
péniches. Le bassin actuel, sur le Canal, est désormais réservé à la
navigation de plaisance (départ d'Auxerre).
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Octroyées, pour préserver marchands, habitants et... denrées, par Lettres
Patentes de juillet 1384, construites de 1387 à 1425 environ; souvent
réparées, elles existent toujours en 1792, quand la Convention décide leur
démolition. Les fossés (jardins, vergers) seront vendus à partir de 1820,
comblés, aménagés en Promenades en 1829, plantées de 1855 à 1907.
- LEUR TRACE RESTE VISIBLE
Partant de la Porte Principale, agréable promenade permettant de découvrir
leurs vestiges: Promenade St Jean (Eglise), rue du Donjon (Prison et
Chastel), rue des Fossés (remplis des eaux du Ru d'Arbault), rue des
Remparts (Porte d'Arbault), rue de la Tour de Guette (Beffroi et Porte d'en
Haut), Promenade St Nicolas (de là, on peut aussi visiter le Faubourg et ses
Entrepôts).
- VESTIGES et MONUMENTS

Peinture de Paule BERNARD
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[1] * La Porte d’en bas
A l'origine de forme élancée, flanquée de 4 clochetons fleuronnés de
Lys, couronnée d'un Campanile où trônait "La Montre", avec entrée
voûtée, de forme ogivale. Restaurée en 1702, 1722 et 1755,
remplacée, après la construction du nouveau Pont, par l'actuelle,
construite entre 1783 et 1785. On voit encore la niche réservée à la
Vierge de 1784. La porte ne sera supprimée qu'en 1840. |
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[2] * EGLISE et VITRAUX:
* Existe, sous le vocable St Pierre et St Paul, depuis le IXème
siècle; dépend, avec 12 autres paroisses voisines, comme la ville,
du Chapitre de la Cathédrale d'Auxerre, Seigneur jusqu'en 1789.
Agrandie au XIIème, il reste, de cette époque, 2 piliers, encadrant
la grande porte d'entrée. Nef fort nue, les Cravantais n'ayant
jamais eu les moyens de la reconstruire après le passage des armées
et des pilleurs, comme Geoffroy d'Arcy en 1220 et les Grandes
Compagnies de 1367 à 1390: sur la Tour, les pierres sont toujours en
attente...
* Travaux dès le 25 novembre 1543 : belle plinthe extérieure, de
1m50 de haut environ, continue, prouvant que le soubassement a été
construit d'un seul coup, vers 1550. La Tour, rectangulaire, sur 3
niveaux, avec les 3 ordres dorique, ionique et corinthien, massive
mais diversifiée, datée de mai 1551 (inscription extérieure), forme,
avec le Clocher Nord et 2 chapelles, le Transept: on y accède par la
deuxième petite porte, à côté. De plein cintre, la balustrade
servant de garde-fou, avec un étroit escalier en pierre, à vis,
menant aux cloches de 1865 et 1875 (en remplacement de celles de
1715 et 1768, fondues à Auxerre pendant la Révolution). |

Photo Claude RICHARD |
* L'abside et le sanctuaire, de style gothique, sont de 1543 à 1553: choeur
formé de 11 arcades à chapiteaux Renaissance, supportées par 12 piliers
crucéiformes; les 12 pilastres composites, en decrescendo d'épaisseur,
symbolisent les 12 apôtres, dont les statues ont disparu, remplacées par
d'autres, plus petites, en terre cuite, du XVème siècle. L'ensemble était
polychrome, comme l'attestent le plafond de la Chapelle d'Axe et les 2
piliers, colorés au sommet, de part et d'autre de l'Autel, dit à "Tombeau",
du XVIIIème siècle, comme le Tabernacle. Partout, sculptures, piscines,
bénitiers à coquilles, baldaquins, ornements Henri II et François Ier. Sur
le sol, dalles funéraires de sépultures, dans l'Eglise même {jusqu'au
XVIIIème} ou provenant du cimetière alors contigu.
* Chapelles rayonnantes (11), souvent datées sur les clés de voûte. Celles
du St Sacrement, de Ste Anne et St Michel ont des plafonds à tiercets et
pendentifs François Ier;
de la Chapelle d'Axe (derrière l'autel), de la Résurrection (reconnaissable
à son haut-relief du XVIIème), de la Vierge et des Morts, à caissons Henri
II. Les dates se suivent, en partant de la Tour (1555), pour se terminer
dans le collatéral sud, en 1598: on a ainsi la progression de la
construction. La double Chapelle dédiée à Notre-Dame (1594) s'orne d'un
Retable Henri II supportant une "Vierge à l'Enfant". Notre-Dame d'Arbault du
XVème siècle, protectrice de Cravant, célèbre par ses miracles aux XVIIème
siècle, y a été déposée, après adjudication de la Chapelle (à 1km 500),
comme bien national, en 1792.
De nombreux objets et meubles furent vendus ou volés. On peut cependant
remarquer encore: 2 belles stalles et les bancs de 1690, bien conservés; un
Ecce Homo (Chapelle Notre-Dame), mutilé, provenant du cimetière; près des
Fonts Baptismaux, une Descente de Croix, avec les Saintes Femmes, également
fort abimée (début XVIIème); dans le collatéral nord, énorme Cuve à Eau
Bénite, en fonte de Fer, du XVIIIème siècle. A l'entrée de la porte, côté
sacristie, une belle piscine à coquille (XVIème) et un Bénitier, creusé dans
un pilier du XIIème siècle.
Les Bâtisseurs furent: le Chapitre, instigateur; les Habitants, avec leur
argent et leur peine; Jeanne de Chastellux, donatrice généreuse; Nicolas
Symonin, enfin, "maître-tailleur de pierre" qui séjourna à Cravant pour
superviser les travaux.
Les VITRAUX
*Vitrail de la Vierge, collatéral Sud
XVIème décadent, monogramme du Verrier, sur le modèle rouennais, il illustre
les "Litanies de la Vierge", en une fenêtre divisée en 3 baies par 2 étroits
meneaux, avec Réseau supérieur de 5 jours.
A bonne hauteur, bien conservé malgré les bombardements de
1944, nous nous contenterons de la traduction des inscriptions latines:
5 JOURS:
-Lys parmi les épines (1)
-Forêt de Rosiers blancs (2)
-Vierge en fleur, Portes du Ciel, le Soleil (3)
-Ame éclatante, la Tour de David, la Lune (4)
-Le Père Eternel, Mon âme est toute Blancheur, il n'y en a en toi aucune
Tache (5).
3 BAIES:
-Vierge debout: Priez pour nous et miroir ovale "miroir sans tache (1).
-Un Evêque, le Donateur à genoux: Jardin Clos, Cèdre élevé, Puits des Eaux
Vives (2).
-Ste Marguerite (Reine d'Ecosse plutôt que d'Antioche): Salut à toi, Reine
des Anges; la Jérusalem Céleste; Fontaine des Neiges (3).
Le Rouge prédomine, comme chez tous les Verriers, du
XVIème surtout. Le Bleu et le Blanc, couleurs symboliques, et les
inscriptions, insistent sur la Pureté, la Splendeur de l'Immaculée
Conception, intercédant pour les humains et montant dans la Cité de David.
* Vitrail de la Chapelle d'Axe (derrière le Maître-autel)
Reconstitué, vers 1750 - 1800, à partir de vitraux détruits, il forme un
pêle-mêle très composite. Les 4 inscriptions et l'encadrement sont restés en
place, comme la Conversion de St Paul (dédicace initiale de l'Eglise: St
Pierre et St Paul).
On discerne 3 motifs essentiels:
- Une Vierge à l'Enfant "Jhésus Maria" et un sujet rare sur St Antoine de
Padoue, appartenant à 2 vitraux disparus.
- 12 scènes de la Vie de St Pierre, dont les principales: son arrestation,
sa Délivrance par l'Ange, un "Quo vadis" (où vas-tu), le Supplice de St
Pierre et St Paul, et la Chute de Simon le Magicien.
C'est un patchwork, plus ou moins réussi, de morceaux de vitraux souvent
juxtaposés.
- Une vie de St Eloi, à l'origine en 11 épisodes, dont 9 sont réduits à un
seul panneau. L'interprétation se fait facilement par les Inscriptions: sa
naissance, St Eloi ferrant un cheval, fabriquant une chasse, distribuant des
aumônes, sacré Evêque à Noyon, guérissant les malades, sauvant un Pendu (à
peu près intact), recevant la communion sur son lit de mort.
St Eloi, est rarement représenté sur les vitraux, un seul, du XIIIème
siècle, se trouve dans la Cathédrale du Mans.
Remarquons encore :
- après le vitrail de la Vierge, celui des Couteliers, ou Bouchers,
reconnaissable à ses instruments (1548).
- un peu plus loin, des Séraphins jouant de l'orgue.
- dans 2 chapelles près de la tour: une belle tête d'homme, barbu et lainé.
Une Sainte Face magnifique, avec les Bustes de St Germain et de Ste
Christine de Bohème.
On peut attribuer ces vitraux à des Verriers d'Auxerre , par la ressemblance
des rehauts de jaune d'argent et les rinceaux de grisaille, (feuillage
stylisé en enroulement) que l'on retrouve sur la Rose Nord de la Cathédrale
Ste Etienne d'Auxerre.
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DEUX
FLANERIES DANS L’ATMOSPHERE DU PASSE |
De la rue d'Orléans aux Anciennes Halles
(Mairie), en partant de la Porte d'en Bas, ou à combiner avec la 2ème
flânerie (inversée) par la rue d'Arbault.
[1] ( a ) PORTE D'EN BAS
Porte Principale, de France, de l'Eglise, selon les époques, là, se trouvait
le Corps de Garde, et l'on traversait alors le Ruisseau (recouvert par la
rue) à gué. Par cette entrée vinrent les Régiments de Louis XIV et Louis XV
(surtout entre 1694 à 1740), puis les Soldats des 6 Coalitions républicaines
et impériales, enfin ceux de la Première Guerre Mondiale. Logés dans ce
Corps de Garde ou au Donjon, certains soignés à l'Hôpital; quelques
prisonniers prussiens, sous le Consulat, travaillèrent dans des fermes
cravantaises.
(b) LA RUE DE BONNIELLE avait son puits,
alimentant petites fermes, auberges du Faubourg St Nicolas et jardins des
Fossés: porte ouverte en 1776 pour y accéder facilement, ainsi qu'aux Ports.
(c) L'ACTUELLE ECOLE ABRITAIT L'HOPITAL et
des classes (XVIIIème siècle): Cravant, eut, à l'écart, sa Maladrerie
(XIIème) et un Hôpital, ruiné en 1695, d'où sa recréation, après le départ
de Ursulines (1760). Une Religieuse-Hospitalière (1767) et 2 Chirurgiens
assurent consultations et soins, limités, jusqu'au XIXème siècle, à
saignées, lavements, potions à base d'herbes médicinales et de produits
chimiques simples, quand pestes, épidémies, "suettes", "fièvres doubles,
tierces, quartes" déciment des familles entières (1693 - 1766-67 - 1787-88).
Lors des disettes (1717- 1738- 1751- 1789- 1794), les Administrateurs
distribuent généreusement pain, viande, sel et boisseaux de blé. Devenu
Hospice, il fut fermé en 1962.
Les Classes étaient faites par une Religieuse-Enseignante et un Recteur
d'Ecole, logé dans un bâtiment de l'Hôpital. Cravant avait un Instituteur
depuis 1401. Après la Révolution, les époux PREVOST, laïcs, enseignent et
logent encore là, mais maison et jardins sont alors séparés... Plus tard, on
installe aussi des élèves dans les Anciennes Halles (-> juin 1992)
Désormais l'Hôpital est devenu un groupe scolaire, moderne à l'intérieur,
mais conservant son infrastructure d'époque. La restauration s'annonce
belle: pierres apparentes, fenêtres en ogive, entablements de pierre,
suppression de bâtiments inesthétiques, restructuration du jardin, remise en
état du puits..., tel qu'il fut, sans doute aux XVIIème et XVIIIème siècles
(encadrement de Porte conservé).
[3] * LE DONJON

Peinture de Paule BERNARD |
Exigé par la
Charte d'Affranchissement, d'abord Prison, édifié de 1280 à 1308.
Nombreux graffiti laissés par les prisonniers, notamment les
Templiers (fin XIIIè siècle).
Sous-sol: Ancien puits
transformé en latrines, "oubliettes", fondations jusqu'à 17 mètres
de profondeur.
Premier_ étage: salle
gothique, immense cheminée (enlevée), logis du "geollier" (100 sous
de gages), puis du Sergent: salle des séances municipales après la
Révolution...
Second niveau: sans feu,
fenêtres hautes; prison, entre cellier et salles d'armes. Deviendra
la chambre des chanoines de passage. Aucun système de défense: il
aura pourtant cet usage en 1423, en pleine guerre de 100 ans, et au
XVIè siècle, lors des luttes entre Catholiques et Protestants. Un
Capitaine y réside de 1478 à la fin du XVIIIème siècle (10 livres de
gages).
Dès le XVème siècle, remplit 3 fonctions: Prison, Tour
de guette, Maison Seigneuriale. Classé "monuments historiques", on
peut visiter sous-sol et salle gothique, si l'actuelle propriétaire
est présente.
|
[4] * A côté, le Lavoir ,
construit en 1828.
En suivant la rue des Fossés, on arrive à: |

Photo Claude RICHARD |
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[5] * La Porte d’Arbault:
Flanquée d'une tour en 1492, elle menait aux champs de
chanvre (rue des Chenevières), aux vignes de Monteloup, au hameau céréalier
de CHEVILLY (CHEUILLY), et bien sûr, à la Chapelle miraculeuse (XVè siècle –
1km 500). Pèlerinage le 29 juin, nombreux miracles reconnus, (en général,
sur des enfants morts-nés), et village encore florissant au XVIIème siècle.

Peinture de Paule BERNARD |
[ 6 ] *
Beffroi ou Tour de l'Horloge:
Une des Tourelles de l'enceinte, enclavée dans le mur,
très bien conservée; son escalier à vis de 36 marches aboutit à la
galerie permettant la surveillance des 5 vallées, par où arrivèrent,
dès le Xème siècle, envahisseurs normands, Robeurs, Grandes
Compagnies, Seigneurs locaux et troupes régulières... qui ravagèrent
le bourg pendant 7 siècles.
[7] * Porte d'en Haut:
Le Beffroi, la muraille et la Poterne forment un bel
ensemble des XIVème et XVème siècles: c'était la liaison commerciale
Ports / Halles de 1451 (actuelle mairie) et l'accès aux petits
jardins maraîchers longeant les berges de l'Yonne.
On peut aussi, de là, suivre la 1ère flânerie, mais à l'envers.
|
(d) LA RUE D'ORLEANS doit son nom à un
grand espoir déçu: une route indispensable au trafic Est/Ouest (gruyère,
métaux, porcelaine) et au commerce local anéanti par la chute du pont:
projet à rebondissement: seule, la Grande Rue (qui allait jusqu'à la Porte
d'Arbault), rebaptisée à la hâte, garde la trace de cette route abandonnée.
Comme on avait élargi la rue, les seuls témoins des
XIVème et XVIème siècles sont la belle Tourelle Renaissance (e) de la Cour
Balouze, et la Maison de Bois (f) (1328), dont la large façade sur Rue (pour
l'époque) atteste un propriétaire aisé. Elle aurait abrité Jeanne d'Arc...
effectivement venue à cette époque, à Arcy-sur-Cure et Auxerre, avec ses 20
000 hommes. Les autres maisons actuellement visibles datent donc de la
deuxième moitié du XVIIIème siècle: façades sobres, parfois rustiques ou
austères, les vestiges des XVème et XVIème siècles sont cachés, dans les
courettes, jardinets, ruelles privées, caves voûtées, passages "secrets",
escaliers à vis, tourelles discrètes...
A LA PLACE DE LA MAIRIE -quelques vestiges intérieurs,
là encore-, les HALLES (g), à l'origine flanquées de leur puits: accordées
en 1340, puis par l'Edit de Charles VI (1419) et de Charles VII (1448); les
habitants les élevèrent, à leurs frais, à partir de 1451. Marché le lundi, 3
foires: avant la Chandeleur, la St Jean-Baptiste, et la St Thomas. Bien
desservies, vers les Entrepôts, par rue et ruelle de la Huchette, rue du
Port, Porte d'en Haut, là se regroupaient taillandiers, charrons, forgerons,
marchands de vin, boulangers, bouchers..., la Grande Rue étant plutôt,
alors, réservée au trafic intense des charrettes et chariots.
La place et les rues présentent un large éventail
architectural: à gauche, vers la Poterne, l'alignement d'anciens ateliers
d'artisans (XVIIème et XVIIIème siècles), à droite quelques demeures
bourguignonnes du XIXème siècle: rue de l'Horloge, au coin, une construction
à colombages, et derrière Halles et Mairie, maison Renaissance avec grande
et belle fenêtre à meneaux.
L'actuelle Mairie (h) fut commencée en 1829, le Corps
de Garde, sur la gauche, (1836), jouxtait le "Puits de la Hasle".
On peut, alors, à pied, retrouver l'Yonne et l'ancien Grenier à sel, par la
jolie "Promenade des Acacias".
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Peinture de Paule BERNARD |
Par les petites rues derrière l'Eglise, ou de la rue d'Orléans à la
Porte d'Arbault.
Retrouver l'atmosphère d'autrefois en empruntant la
ruelle de l'Eglise, sa petite ruelle, la rue St Martin.(A)
Les cloches rythmaient la vie: l'angélus pour la pause
dans le travail, le glas ou la volée des cérémonies familiales, le
tocsin des alertes au feu et aux brigands, la messe dominicale où se
retrouvaient les femmes, tandis que les hommes sirotaient un petit
verre.
Derrière l'Eglise, un des derniers puits publics (7 au
XVIIIème siècle), et une belle perspective sur la ligne, brisée,
octogonale de la toiture de l'Eglise... Incursion dans la rue des
Ecossais (B) et c'est la bataille de Cravant (*) (1423),
épisode de la Guerre de Cent ans, qui surgit. |
Jean sans Peur, duc de Bourgogne, a été assassiné en 1419: son fils Jean le
Bon rejoint donc les Anglais, qui possèdent presque toute la France.
Le Dauphin, futur Charles VII, s'allie aux Ecossais et
surprend Cravant, acquis au parti bourguignon, qui la reprend, grâce à
Claude de Beauvoir, Sire de Chastellux. Le Dauphin, Jean Stuart, le Comte de
Douglas, seigneurs et paysans (101 000 hommes) sont face aux 20 000 hommes
de l'armée Anglo-Bourguignonne, soutenue par le Bailli d'Auxerre, Jehan
REGNIER, et ses milices. Ils campent à Vincelles le 30 juillet et le 31
tentent d'entrer dans Cravant, par la rive droite: les Français sont bien
retranchés: ils reculent, passent sur la rive gauche. Les archers anglais,
depuis les prés de la Gravelle, harcèlent alors les assiégés, qui ont eu le
malheur de tenter une sortie: les Ecossais se font tuer sur place,
d'où le nom de la rue, les autres sont enfermés dans la Prison, comme le
Connétable d'Ecosse. C'est un désastre pour le Dauphin, dont toutes les
villes sont ravagées par les Bourguignons en Août 1423.
En 1424, le Roi, par le Traité d'Arras, cède aux
Bourguignons le Comté d'Auxerre, et il faudra attendre Jeanne d'Arc pour
"bouter" les Anglais hors de France. Le héros de Cravant fut le Maréchal de
Chastellux, qui rendit la ville au Chapitre d'Auxerre et sauva les habitants
des exactions des Escorcheurs(1438-1444).
Voilà comment le bourg entra dans la "Grande Histoire",
et ce ne fut pas la dernière fois (retombées des Guerres de Religion, de
Louis XIV et de Napoléon...)
En montant la Rue Bleue (C), avec un crochet par la
rue des Remparts, outre une jolie série de maisons de pierre et un
enchevêtrement de toits et tourelles, c'est le souvenir des vignes: le nom
coloré vient du sulfate de cuivre répandu par les vignerons qui allaient
traiter leurs plantations de Monteloup. Activité essentielle, avec le
commerce, depuis l'Antiquité jusqu'à 1885 où le phylloxera détruisit le
vignoble cravantais, replanté et toujours renommé sur la Côte de Palotte.
Cette rue s'appelait "Maison-Dieu" auparavant, avec la
présence du Couvent des Ursulines, installé dans le pâté de maisons
circonscrit par la rue Bleue, d'Orléans, et l'impasse (privée) Feu au Clair.
De nombreux bâtiments en gardent la trace (Croix, niches à statue, cheminées
monumentales, architecture conventuelle).
Près de la Porte d'Arbault, remarquer, sur une grange,
des portes et petites fenêtres à meneaux, et rue des Remparts, un autre
puits.
LE COUVENT DES URSULINES
(D)
10 Ursulines s'installent, rue Maison-Dieu, par
décision épiscopale du 8/6/1644: église, cloître, cellules, 2 salles de
classe pour l'éducation des jeunes filles. Jusqu'en 1682, 20 religieuses et
40 élèves prospèrent avec un budget équilibré autour de 3 300 livres.
1720 - 1734: La "soeur dépositaire" (l'économe)
constate la trop grande générosité et les négligences passées et présentes
en une "Conclusion Capitulaire" de 15 articles, lucide et judicieuse, mais
non suivie d'effet. Le Bilan de 1720 empire encore, et leur dette s'élève à
18 740 livres.
Conséquence le 29 juin 1737:
L'Evêque de Caylus, "vu l'état du temporal", supprime
le noviciat et réduit à 7 le nombre des Religieuses. Malgré des comptes plus
sains, un "Oeconome" est nommé le 1/7/1748 pour "régir et faire
l'Inventaire". Avec le consentement de tous, la vente de leurs biens est
décidée, par arrêt royal du 18 mars 1748 et ordonnance du 25 mai 1748.
1749: L'extinction:
L'acte de l'Evêque du 23 janvier 1749 et les Lettres
Patentes de Louis XV du 1 mars 1749 sont formels: "supprimons et éteignons à
jamais la Communauté".
I1 reste donc de quoi payer les créanciers, assumer les
charges dues par les donations passées et recréer l'Hôpital, demandé par les
Habitants, qui prendra la relève des Ursulines, pour les malades et
l'Enseignement des Jeunes Filles. (1ère Flânerie).
En continuant la Rue Bleue, on peut prendre, à
l'envers, la première Flânerie. Toutes les fantaisies sont possibles, avec
la carte détachable.
CRAVANT, possession épiscopale de 900 â 1789, fut
souvent en lutte contre des Chanoines sévères et exigeants. La Révolution
active ici mais modérée- leur donna cette liberté pour laquelle le bourg
lutta courageusement. C'est pourtant au Chapitre de la Cathédrale d'Auxerre
que nous devons une topographie originale et quasi intacte (cf plans 1750 et
moderne), une Eglise imposante et tous les monuments qui font notre fierté.
S'y ajoute, maintenant, le charme d'un village paisible mais dynamique, voué
à l'agriculture et tourné vers le tourisme.
Nous espérons que, sans oublier nos commerçants et
Hôtels-restaurants, ces Promenades vous ont fait découvrir le riche passé
comme le présent serein de Cravant, où vous séjournerez et reviendrez...
Alors, merci et à bientôt.
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