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Histoire du vin de Chablis
Porte d'or de la Bourgogne
Par leurs arômes, leurs
saveurs, les vins de Chablis limpides et légers ont séduit le monde entier.
Prestigieux l’or vert laisse au palais un goût de noisette et de miel, son
parfum évoque les douces senteurs du chèvrefeuille. On le goûte dans la pénombre
accueillante du chai. Il honore la table tout au long des repas de famille et
d'affaires ... Ils accompagnent dignement les hors d’œuvres, la volaille,
d'autres viandes blanches et certains fromages.
Présent sur nos coteaux
depuis les temps antiques, le vignoble a du supporter la décision d'un Empereur
romain vers 81-86 : craignant la concurrence des vins français, il ordonna
d'arracher les vignes. Deux siècles plus tard Probus, l'un de ces successeurs,
rendit la liberté aux vignerons, on dit même qu'il fit parvenir des plants à
Chablis. ...
… les moines savaient
dit-on apprécier le vin !! ...
Beaucoup plus tard venant
de Cîteaux ils s'installèrent à Pontigny. L'Abbaye possédait des vignes à
Chablis. Anséric II Seigneur de Montréal fit don à ces moines d'une vigne en
1181. Le domaine s’agrandissant le chapitre de Saint Martin de Tours s’inquiéta
et interdit son extension au delà de trente six arpents. Parmi les grands crus
on cite la Moutonne, c'est le nom que portait l'une des vignes de l'Abbaye.
Dans d'archaïques
archives on fait état du transport de douze fûts de vin destinés à la Papauté,
c'était le prestigieux cadeau d'un grand Prévost de Chablis au Saint Siège une
marque de déférence coûteuse ; Nos grands Prévost étaient gens puissants au
Moyen âge.
Ce convoi emprunta la
route jusqu'à Châlons sur Saône, les voies fluviales rejoignant Lyon Marseille
et atteignit l'Italie par la mer.
Combien de rois
apprécièrent ils nos vins de François 1er à Louis XV ?.. Sous le règne de ce
dernier un chanoine écrivait en 1759 à une certaine Madame d'Epinay "Mon vin
cette année a du montant,
il enchante le gosier !!..
La grêle et les gelées de printemps sont et furent de bien terribles
fléaux dans notre vallée, certaines
années la misère fut si grande que les habitants quittèrent le pays. On essayait
vainement d'éloigner la grêle par des sonneries de cloches
Le ban des vendanges
empêchait déjà autrefois les impatients de cueillir trop tôt le raisin, afin de
préserver la qualité. On retrouve dans certaines archives des règlements datant
de 1230.
Dans différents quartiers de la ville, on amenait le raisin au pressoir
commun. Il était rapidement écrasé pour faire un vin parfaitement blanc.
Les
pressoirs à abattage nécessitaient un grand emplacement et un nombreux
personnel, pour serrer la roue et porter les tines, du pressoir à la cave des
vignerons. Le vieux pressoir de l’Obédiencerie est l’un des mieux conservé.
Le grand débouché de nos vins était Paris ; ils étaient acheminés par
voie d'eau, d'Auxerre à Paris. Le départ des charrois se situait à la porte
d'Auxerre dite porte Rabut. Auxerre vers 1672 demanda des droits de péages très
élevés. Les vignerons transportent les feuillettes à Bonnard, La route était
longue et mauvaise. Il faut dire que bien avant vers 1529, les Chablisiens
envisagèrent pour mettre un terme à ce roulage d'améliorer la voie d'eau du
Serein. Une délégation
appuyée par
le Chapitre Saint Martin fût reçue par François 1er. Le projet mis sur pied
déplut aux moines de Pontigny prétendant que le bruit des bateliers et attelages
halant les péniches troubleraient leurs pieuses solitudes. Ils acceptèrent enfin
moyennant la certitude que l’eau resterait suffisante pour le fonctionnement des
moulins. L'accord était conclu quand vinrent les guerres de religion. Le projet
reprit en 1651
puis en 1790
n'aboutira jamais. En 1885, le vin arriva à Paris par le chemin de fer
départemental.
Sous le regard attentif
des arbres qui lui font la haie, impassible le Serein glisse entre ses berges,
les coteaux reverdissent à chaque printemps, et les vieilles pierres se
souviennent d'un temps lointain. Le temps des moulins, des abbayes, des prieurés
où vivaient moines et chanoines. Leur règne connut le déclin au XVI siècle.
Dans les campagnes on
vivait misérablement sur une terre riche. Dans un repli entre les vignes du Clos
et Valmur coule encore une source que l'on disait bienfaisante, elles se
souviennent d'une chapelle dont il ne reste aucune trace aujourd'hui, aucune
trace non plus
de l’ermitage ; dans les registres de l’Hôtel Dieu, on
retrouve les noms d'ermites vivant là et s’occupant des vignes.
Fidèles à la tradition,
honorant St Vincent leur patron les vignerons de Chablis préparent la St Vincent
tournante pour 1999 la dernière du siècle.
On va danser, on va
chanter et introniser de nouveaux confrères. Le duché de Chablis, les gougères
et l’andouillette seront de la fête.
Odile SAINT MARTIN
Essai écrit en 1998.
( texte publié sur ce site avec l'aimable
autorisation de l'auteur )